"La viabilite et la legitimite de l'État africain n'ont cesse d'être etudiees depuis la vague des independances des annees 1960. Forge par un processus exogene, cet État n'est pas le produit d'une dynamique sui generis comparable à celle qui a produit des États-nations puissants et orientes vers leur societe en Europe. Économiquement faible, il est dependant de l'exterieur pour assurer ses fonctions de base. Au pouvoir souvent par la force et non à la suite d'elections libres, ses dirigeants n'ont pas bâti un systeme politico-administratif de type weberien. Il n'est donc pas etonnant que l'État africain ait ete frequemment qualifie de «?failli?», de «?patrimonial?», de «?predateur?», d'«?integral?», bref, d'institution en rupture avec la societe. Pourtant, il s'est solidement enracine?
ses politiques sont proclamees, ses symboles sont reaffirmes et ses frontieres, bien qu'heritees de la colonisation, ont resiste. Le present ouvrage revele toutefois que le contexte dans lequel l'État africain evolue a profondement change, notamment depuis l'ouverture democratique des annees 1990. L'environnement institutionnel est desormais marque par une proliferation d'acteurs nouveaux, disputant le monopole de l'action publique à un État dejà insere dans un systeme externe de contraintes et de ressources. L'État n'a plus la maîtrise unilaterale de la production de politiques publiques qui sont devenues des domaines partages, mais cette situation ne l'affaiblit pas necessairement. Les contributions reunies ici abordent cette nouvelle donne en explorant d'une façon originale, sur les plans local, national et international, son effet sur la substance et la legitimite de l'État africain."